novembre 17, 2010

Semaine pour l’emploi des personnes handicapées : quelques faits et mon avis sur le sujet

Créée en 1997 à l’initiative de l’Adapt, la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées veut sensibiliser l’opinion tout en trouvant des solutions pour favoriser l’emploi. Ainsi, jusqu’au 21 novembre, des rencontres entre recruteurs et candidats handicapés en recherche d’emploi sont organisées. J’ai lu quelques articles là-dessus online et dans la presse écrite, par contre malheureusement je n’ai rien vu à la TV sur ce sujet..

Semaine pour l’emploi des personnes handicapées


Quelques faits (tirés du magazine Direct Matin), suivis de mon avis sur le sujet:
-       Loi du 11 février 2005 stipule que les entreprises privées et les employeurs publics de plus de 10 salariés ont l’obligation d’employer au moins 6% des personnes handicapées sous peine de payer une contribution à l’Agefiph.
-     545 millions d’euros ont été récoltés en 2010 par l’Agefiph au titre des contributions des entreprises qui n’emploient pas 6% des travailleurs handicapés
-     Sur les 129 100 assujetties à cette obligation, près d’une sur 2 ne remplit pas encore ses obligations et 22% n’en emploient aucun.
-        80% des personnes handicapées n’ont aujourd’hui pas le niveau baccalauréat
-       La 14ème édition de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées est marquée par une réflexion autour de la formation, de plus en plus souvent évoquée par les recruteurs comme un frein à l’insertion.

J’espère qu’il y a eu des progrès concernant les salons qui favorisent les rencontres entre recruteurs et PMRs à la recherche d’un emploi, car il y a 2 ou 3 ans, quand je cherchais un emploi, je suis allée à un de ces salons, j’ai voulu déposer mon CV auprès d’une entreprise qui cherchait à recruter, sa réponse : « on ne prend aucun CV aujourd’hui mais vous pouvez postuler online ». Okkkk j’ai juste traversé tout Paris pour entendre dire que je peux postuler online, quelle finesse…

 Semaine pour l’emploi des personnes handicapées

La formation est selon moi un sujet très important, car en effet il y a tellement peu de personnes à mobilité réduite qui sont diplômées que les entreprises ont du mal à les embaucher. Les personnes à mobilité réduite ne sont pas moins capables de suivre des études, c’est juste que l’éducation n’est pas adaptée (ou en tout cas trop peu) aux personnes handicapées. Ça commence à évoluer, mais selon moi ça évolue bien trop lentement. Le problème est que trop peu d’universités et grandes écoles sont accessibles par exemple aux personnes avec un handicap moteur, et c’est définitivement un frein. Il y a quelques années, j’ai postulé pour 3 masters seulement, car les écoles n’étaient pas adaptées.. Et je pense que mêmes si on essaye de sensibiliser les gens sur ce sujet, il y a encore trop de préjugés, car ce n’est pas parce que on a un handicap qu’on ne peut pas suivre d’études, ou qu’on est moins intelligent que les autres..

Je ne pourrai jamais vraiment le savoir, mais je pense avoir été victime de discrimination (à l’époque) par l’université Paris X – Nanterre quand je cherchais à postuler pour un master 2 en marketing. En 2004, quand j’étais en Master 1 là bas, j’ai rédigé une lettre au directeur du Master Marketing qui m’intéressait, et j’ai transmis la même lettre à mon professeur de marketing (qui enseignait également dans ce master). Je stipulais dans cette lettre que j’avais postulé pour ce master, et que du fait de mon handicap, j’ai pu postuler pour très peu de masters car les écoles et universités ne sont pas assez accessibles aux fauteuils roulants (Paris X étant l’une des seules universités accessibles à l’époque), et que ça serait bien si ils pouvaient passer plus de temps à étudier mon dossier pour voir si je pouvais suivre ce master (si bien sûr j’avais selon eux les compétences requises). Non seulement je n’ai pas été acceptée, mais je n’étais même pas sur la liste d’attente (alors que j’ai appris que d’autres personnes avec un moins bon dossier avaient été acceptées pour suivre ce master). Quand j’ai essayé de me renseigner pour savoir pourquoi je n’avais pas été acceptée à ce programme, on m’avait dit que j’étais trop jeune (j’avais 21 ans car j’avais sauté une classe en primaire) et que je manquais d’expérience. Je n’ai pas abandonné, et j’ai fait simultanément 2 stages en marketing (dont un d’une durée de 9 mois), ainsi qu’un stage d’anglais à New York pendant 9 mois. J’ai re-postulé tout de suite après (c’était 2 ans après avoir postulé la première fois, j’avais donc 23 ans), et je n’ai pas été acceptée, ni même placée sur liste d’attente. Ça n’a bien sûr pas été du temps perdu puisque j’ai acquis de nombreuses connaissances et compétences pendant mes stages. Mais le fait que je n’ai pas été acceptée alors que clairement j’avais acquis de l’expérience et de la maturité, et alors que je n’avais pas le choix pour les masters, et que je n’ai même pas été contactée pour un entretien individuel, clairement je ne trouve pas ça juste, donc quand on me parle d’égalité des chances ça me fait assez rire.. mais j’ai espoir que ce n’est pas partout pareil..

J’ai la chance d’avoir trouvé un emploi qui m’intéresse, mais je pense que c’est trop rare, en particulier pour ceux, même si il y en a peu, qui cherchent un emploi et qui ont fait des études supérieures. En effet comme 80% des PMRs n’ont aujourd’hui pas le niveau baccalauréat, il y a très peu d’entreprises présentes dans les salons spécialisés qui cherchent à employer des PMRs pour des emplois nécessitant un bac>+2..

Le message que je voudrais faire passer est que même si nous faisons des efforts pour sensibiliser les entreprises pour embaucher des personnes handicapées, et que les entreprises mettent en place des aménagements spéciaux, il faut surtout que les mentalités changent, autant dans le domaine professionnel que dans la vie quotidienne. Je vous prends l’exemple du manque d’accès dans les immeubles, transports and co.. Oui il faut qu’il y ait plus d’accès car de nos jours c’est encore trop difficile de sortir sans rencontrer de difficultés quand on est une personne à mobilité réduite, mais il faut surtout que les mentalités des français changent. Je ne peux que comparer la situation avec certains pays anglo-saxons que j’ai visités / où j’ai vécu, il y a encore trop peu de solidarité en France… et tant que les français ne seront pas plus « helpful », on aura toujours les mêmes soucis.. La France a au moins 10 ans de retard la dessus. Je pense que les personnes qui sont déjà sorties avec moi sauront de quoi je parle car ils l’auront déjà vécu. Sans accès et sans solidarité, les personnes à mobilité réduite ne peuvent pas sortir, ce qui peut amener à de l’exclusion sociale..

1 commentaire:

  1. Tout a fait d'accord avec toi en 1 an cela n'as toujours pas bougé de grand chose et c'est honteux. Je le vois également car je m'occupe d'un couple de personnes âgée en fauteuil roulant.

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