Aujourd'hui, parlons un peu de Cowboy
Carter, le dernier album de Beyonce ! En vérité, cela fait des
semaines que je voulais vous en parler, mais impossible faute de temps.
Évidemment, ce nouvel album de Queen Bey a fait beaucoup parler de lui à sa
sortie, mais j’ai l’impression qu’il a déjà été oublié…
J’ai découvert Beyonce à l’époque des Destiny’s Child, groupe que j’écoutais
beaucoup lors de mes années d’études supérieures ! Puis j’ai saigné ses
premiers albums quand elle s’est lancée dans une carrière solo, mais je dois
avouer que j’ai commencé à beaucoup moins écouter ses albums depuis Lemonade,
qui est un album plus sérieux et moins accessible selon moi. J’ai essayé
d’écouter Renaissance, mais j’ai détesté, ce qui est malheureusement
logique puisque je ne comprends pas la musique house (mais au moins j’aurais
essayé) … Quand Beyonce annonça en février dernier son retour avec son nouvel
album Cowboy Carter qui comprendrait des influences country, je fus
vraiment impatiente d’écouter cela ! En effet, j’adore certains artistes
country comme Shania Twain, LeAnn Rimes et évidemment Taylor Swift (j’adorerais
qu’elle sorte un nouvel album plus orienté country comme à ses débuts) !
Pour celles et ceux qui seraient étonnés par la volonté de Beyonce de sortir un
album aux sonorités country, n’oubliez pas qu’elle est née et a grandi à
Houston au Texas, au milieu de l'héritage cow-boy de la ville et de la musique
country ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Beyonce s’essaye à
la musique country, puisqu’en 2016, elle sortit la chanson Daddy Lessons
(et j’étais complètement passée à côté à l’époque) sur son sixième album studio
Lemonade ! Beyoncé avait d’ailleurs interprété la chanson avec le
fameux groupe The Chicks lors de la cérémonie des Country Music Association
Awards le 2 novembre 2016. Cette performance a été majoritairement saluée par
les critiques et a donné aux Country Music Association Awards leur plus forte
audience de l'histoire. Cependant, elle a également été accueillie avec
réticence, certains critiquant la présence de Beyonce et affirmant qu'elle
n'appartenait pas à ce genre. Beyonce ne s’est d’ailleurs pas gênée pour
rappeler ces critiques sur l’un de ses posts sur Instagram (qui parlait plus en
détails de l’élaboration de Cowboy Carter), puisqu’elle raconte qu'on
lui a fait comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue dans la musique country,
mais qu'au lieu d'être évincée du genre par la critique, celle-ci l'a poussée à
surmonter les restrictions qui lui étaient imposées. La chanteuse s'est plongée
dans l'histoire de la musique country et de la culture occidentale et a
recherché ses racines afro-américaines. L'album a d’ailleurs déclenché des
discussions sur la place des musiciens noirs dans la musique country.
Sur ce même post Instagram, Beyonce a annoncé la couleur : Cowboy
Carter n’est pas un album purement country, mais avant tout un album de Beyonce,
puisqu’il mélange d’autres genres musicaux tels que la pop, le hip hop, le rap,
la soul et même l’opéra ! L'album est présenté comme une émission de radio
diffusée par une station fictive appelée "KNTRY Radio Texas", les
chanteurs de country Dolly Parton, Linda Martell et Willie Nelson jouant le
rôle de disc-jockeys. Je trouve que ces 6 interludes apparaissant sur cet album
ne sont pas indispensables, à part peut-être celui de Dolly Parton, reine de la
country, qui introduit la reprise de son très célèbre Jolene (dont les paroles
furent légèrement modifiées dans cette reprise) !
Je n’ai pas forcément aimé tout Cowboy Carter, mais cet album comprend
quelques pépites comme Texas
Hold 'Em (le seul single), Levii's Jeans (en duo avec Post
Malone), Bodyguard, Daughter, II Most Wanted (en duo avec Miley Cyrus), Just for Fun (en duo avec Willie Jones), II Hands II Heaven,
ou encore Ameriican Requiem. J’ai aussi beaucoup aimé les reprises de
Blackbird (chanson des Beatles) et de Jolene ! Reprendre
Blackbird n’est pas un choix anodin, puisque les paroles de Blackbird s'inspirent
du combat des afro américains pour leurs droits civiques en Amérique,
représentés par l'image d'un merle noir blessé (blackbird
en anglais) qui se débat pour apprendre à voler. J’étais très impatiente
d’écouter Tyrant, le duo Dolly Parton, mais je n’ai pas aimé ce titre
car le style ne me parle pas. Quel dommage qu’il ne fut pas orienté country… Je
ne vous cache pas ma déception en découvrant que Cowboy Carter ne contenait
aucun duo avec Taylor Swift (car il y a plein d’artistes de country avec
lesquels Beyonce pouvait collaborer, mais Taylor Swift est tout de même l’artiste
du moment depuis une décennie, qui de plus a une vraie crédibilité et
authenticité dans la musique country).
En regardant les crédits de chaque chanson de Cowboy Carter, il est déconcertant
de découvrir que de trop nombreuses personnes ont aidé à les écrire… surtout
lorsque l’on sait que la base de la musique country est la narration et que de très
nombreux artistes de country s’investissent énormément dans l’écriture de leur
chanson, ce qui n’est malheureusement pas le cas de Beyonce. Je trouve que cela
se ressent dans son image, car croyez-moi j’adore Beyonce mais je trouve qu’elle
reflète une image assez froide (elle en parler d’ailleurs elle-même dans la
chanson Daughter). Alors évidemment vu son statut dans l’industrie
musicale, on pourrait se dire qu’il est normal qu’elle paraisse si inaccessible,
mais je n’ai pas ce sentiment en écoutant Taylor Swift qui a la même grandeur
de statut mais qui s’investit énormément dans l’écriture de ses chansons (cela
se reflète sur son image et ça la rend plus accessible auprès de ses fans).
Maintenant, plongeons-nous plus
en détails dans certaines chansons extraites de Cowboy Carter :
American
Requiem : American Requiem
était le choix parfait pour ouvrir cet album influencé par les sonorités
country ! Alors que l’album Renaissance explore les racines noires
et queer oubliées de la house music, Cowboy Carter est une
réappropriation des racines noires de la musique country : « Pour que
les choses restent les mêmes, elles doivent changer à nouveau ».
Beyonce associe American Requiem à sa fierté d’avoir des racines
provenant du sud des Etats-Unis (comme elle l'avait déjà fait sur le morceau Formation,
extrait de son album Lemonade) : « Le petit-fils d'un Mucha Man,
Gadsden, Alabama, A des racines entières en Louisiane ». Dès l’écoute de American
Requiem, le message de Beyonce est clair : elle positionne la musique
country comme une émanation de la musique noire américaine, une cousine
émouvante du gospel et du blues. Ces racines sont profondes, un puits commun de
narration qui bouillonne depuis des générations. Car l’une des choses qui
définit la musique country, c’est la puissance de la narration (les artistes
country sont connus pour écrire et/ou co-écrire leurs chansons).
A la fin
de la chanson, Beyonce évoque les critiques auxquelles elle a été confrontée
pour sa chanson country originale Daddy Lessons (que j’aime beaucoup)
sur son album Lemonade, et pour sa performance lors des Country Music
Association Awards : « They used to say I spoke, "Too country »,
Then the rejection came, said I wasn't, "Country enough », Said I wouldn't
saddle up, but If that ain't country, tell me, what is? ».
16 Carriages : 16 Carriages est le deuxième titre de l’album,
qui est sorti en même temps que Texas Hold 'Em. J’aime moins le rythme
de cette chanson, mais le storytelling me plait puisqu’on sent qu’il est très
personnel, Beyonce réfléchissant à l’évolution de sa carrière et surtout les
sacrifices que cela a demandés. 16 Carriages s'ouvre sur le refrain où
Beyonce regarde un cortège de camions s’éloigner : « Seize carrosses s'en vont,
Pendant que je les regarde partir avec mes rêves, Vers le coucher de soleil en
une nuit d’été, Sur une longue route, toutes ces larmes que je retiens ».
Cette métaphore est associée à la vie sur la route dans la musique country,
symbolisant les sacrifices que la chanteuse a consenti pour poursuivre ses
rêves. Au fur et à mesure que la chanson démarre, nous revenons à une jeune
Beyonce, âgée d'à peine 15 ans, qui entre dans l'industrie en tant que
chanteuse principale des Destiny's Child. Le premier couplet brosse le portrait
d'une adolescente déracinée laissant derrière elle son innocence pour ses
aspirations musicales, tout en étant témoin des luttes de ses parents : « À
quinze ans, l'innocence s'est égarée, J'ai dû quitter la maison à un jeune âge,
J'ai vu Maman prier, j'ai vu, Papa travailler dur ». Le pré-refrain nous ramène
au présent, où la carrière acharnée de Beyonce occupe le devant de la scène : «
Je n'ai pas été dans mon lit depuis plusieurs étés, À l'arrière du bus et
dans une couchette avec le groupe, Travaillant si dur, je dois me choisir moi-même,
Sous-payé et accablée, Je pourrais cuisiner, nettoyer, mais je ne céderai
toujours pas, Je travaille encore sur ma vie, tu sais », chante-t-elle,
soulignant le travail constant et les exigences physiques des tournées (qu’on a
tendance à sous-estimer).
Le pont fait allusion à ses luttes personnelles, et à ses problèmes
relationnels avec son père : « J'ai dû m'occuper de la maison très
jeune, J'ai vu Maman pleurer, j'ai vu, Papa mentir, J'ai dû sacrifier et
laisser mes peurs derrière moi ». Il existe des similitudes entre 16
Carriages et le morceau Daddy Lessons, où elle explore l'impact
émotionnel de l'infidélité de son père et ses effets sur ses propres relations
avec les autres. Ces deux chansons nous plongent dans les luttes personnelles
de Beyoncé, notamment sa relation compliquée avec son père, tout en mettant en
valeur sa vulnérabilité et sa force.
Texas
Hold ‘Em: Texas Hold 'Em est le single représentant Cowboy Carter.
Je pense que c’était un excellent choix de
single, qui a un rythme très entraînant et qui a des sonorités country assez
évidentes ! Beyonce, elle-même originaire de Houston, intègre dans ce morceau
des clins d'œil à ses racines sudistes, parsemant le refrain de mentions à des
bagarres, de vagues de chaleur et même d'une tornade. Je n’y connais rien au
poker, mais je sais tout de même que le Texas Hold 'Em est l'une des variantes
les plus populaires du poker. Ainsi, ce morceau utilise le jeu de poker comme
métaphore d’une romance florissante. Beyoncé révèle ses intentions : « Oh,
un pas vers la droite, Nous nous dirigeons vers le bar que nous avons toujours
trouvé sympa, Oh, balance-moi vers la gauche, Puis fais-moi tourner au milieu,
mec, je ne peux pas lire dans tes pensées » et « Ce n'est pas le Texas
(Woo), ce n'est pas un hold'em (Hey), Alors pose tes cartes, Et gare ta Lexus
(Woo) lance tes clés en l'air (Hey), Reste, reste, reste, reste, reste (Reste
ici), Et je danserai un slow avec toi »
Bodyguard : J’aime beaucoup Bodyguard, dans lequel Beyoncé
offre une protection farouche à son partenaire. La chanteuse texane promet de
rouler avec un fusil de chasse dans les moments difficiles, de détourner la
négativité et de le protéger des commérages et de garder son sang-froid,
agissant comme un sauveur : « Chéri Chéri, Je pourrais être ton garde du
corps (Hey), Oh, chéri, chéri, Je pourrais être ton Kevlar (Huh), Oh, chéri,
chéri, Je pourrais être ton sauveteur (Huh), Ooh, chéri, chéri, Tu devrais me
laisser monter à côté de toi ». La chanson parle de la profondeur de
l'amour de Beyonce pour son mari Jay-Z : « Si charmant, Je te fais des
bisous sur la banquette arrière, Je murmure des secrets, Tu me fais pleurer, tu
me rends heureuse, heureuse (heureuse), Trace de rouge à lèvres sur la
cigarette, Jette la, tu l’écrases J'inhale du whisky quand tu m'embrasses dans
le cou, On a souffert, mais c'est l'happy hour, oh, hour » et « Ils ne
pouvaient pas m'avoir (Ah), Et ils ne le feront jamais, Et parfois je te serre
plus près, Juste pour m'assurer que tu es réel (Ah) » et « Je veux être
ta meilleure amie... Et je te défendrai si on parle de toi ». J’imagine que
le titre de ce morceau « Bodyguard » est un clin d’œil au film emblématique du
même nom et à sa bande originale du même nom de Whitney Houston, qui inclut sa
célèbre reprise de I Will Always Love You (chanson originale de Dolly
Parton). Ce clin d’œil devient plus évident lorsque l’on considère le placement
de la chanson Bodyguard sur la tracklist de Cowboy Carter. Il
précède à la fois l’interlude Dolly P et la reprise de Beyonce de Jolene.
Protector : Protector est une chanson douce dans laquelle
Beyonce clame haut et fort qu’elle protège sa meute telle une louve. Cette
belle chanson évoque un défi auquel les parents doivent toujours faire face :
assurer la sécurité de leurs enfants tout en sachant qu'ils devront un jour
voler de leurs propres ailes. La chanson commence par une adorable petite note
vocale de Rumi, la deuxième fille de Beyonce (jumelle du frère Sir Carter), qui
implore une berceuse : « Maman, peux-tu me chanter la berceuse, s'il te
plaît ? ». Cela donne le ton : une maman ours promettant à ses petits tout
l'amour et le soutien du monde, même lorsqu'il sera temps pour eux de quitter
le nid. Les paroles sont astucieuses, jouant sur le sens du protecteur et du projecteur
: « Et je te montrerai la route si tu perds ton chemin, Née pour être une
protectrice, mm-hmm, Même si je sais qu'un jour tu brilleras tout seul, Je
serai ton projecteur, mmm, mm-hmm ». Beyonce parle de protéger ses enfants
du mal, mais aussi de les guider et de les aider à briller. C'est un exercice
d'équilibre, et la chanson capture ce mélange d'amour féroce et d'acceptation
douce-amère. Le morceau Protector est un peu l’opposé de 16 Carriages,
qui parle de Beyonce qui a grandi beaucoup trop vite et a quitté le nid tôt. Protector
inverse le scénario, avec elle en tant que parent construisant un refuge
sûr pour ses petits.
Daughter : Daughter est l’une des chansons les plus
introspectives de cet album, évoquant les conflits intérieurs auxquels Beyonce
doit faire face. L'histoire se déroule dans une salle de bain où une
confrontation avec une autre femme suscite un violent fantasme. Beyonce
s'imagine infliger du mal, laissant la femme meurtrie et battue au sol. Les
paroles révèlent une réaction viscérale à cette arrogance perçue. L'imagerie
est intense : du sang sur sa robe, le statut de fan de la victime, faisant
allusion à un jeu inquiétant de ressentiment et de pouvoir : « Ton corps
étendu sur ces sols crasseux, Tes taches de sang sur mes coutures sur mesure,
La femme de ménage des toilettes m'a laissé entrer, Elle était une grande fan,
J'ai vraiment essayé de rester calme, Mais ton arrogance a perturbé ma
solitude, Maintenant j'ai déchiré ta robe et tu es tout en noir et bleu,
Regarde ce que tu m'as fait faire ». Cette scène violente reste
un sombre fantasme confiné dans l'esprit de Beyonce. La honte s'installe et
elle cherche l'aide d’une puissance supérieure. Elle aspire désespérément à se
libérer de ces pensées intrusives qui entachent son sentiment de sécurité et
son estime de soi. Beyonce reconnaît l'influence de la froideur de son père,
source potentielle de sa propre colère : « Ils continuent à dire que je
ne suis pas comme mon père, Mais je suis très loin de ressembler aux enfants de
chœur et aux autels, Si tu me trahis, je suis juste comme mon père, Je suis
plus froid que l'eau du Titanic. Cette introspection révèle un parallèle
entre eux, mettant en évidence sa lutte pour surmonter les traits hérités. Daughter
prend une tournure surprenante après le deuxième couplet. La chanson passe
à l'air italien de 1783, Caro Mio Ben. Cette chanson m’a tout de suite
touchée, car malgré le fait que j’ai beaucoup écouté Beyonce car j’aime certains
de ses titres, j’ai toujours trouvé qu’elle dégageait une image très froide vis-à-vis
de son public. En écoutant Daughter, on comprend mieux le pourquoi du
comprend, cependant je trouve dommage que Beyonce n’aille pas plus loin :
puisqu’elle est consciente de sa froideur, pourquoi ne fait-elle pas plus d’effort
pour changer cette image froide qu’elle dégage ?
Alliigator Tears : Alliigator Tears est une chanson
d'amour torturée, le message étant que parfois on aime tellement une personne que
la façon dont elle se comporte n’a presque plus d’importance : « Oh, chéri,
toi et tes larmes d'alligator, Elles me font de l’effet ». Vous continuerez
à l’aimer quoi qu’elle fasse. Les larmes de crocodile font généralement
référence aux larmes versées par un hypocrite ou par quelqu'un qui ne se sent
pas vraiment coupable des choix qu'il a faits. Dans cette chanson, Beyonce
semble suggérer que la personne qu'elle aime n'est pas réellement sincère et
qu'il simule le fait qu'il ressent un certain niveau de culpabilité : « Tu
dis, déplace une montagne, Et je mettrai mes bottes, Tu dis d'arrêter la
rivière de couler, Je vais construire un barrage ou deux, Tu dis change de
religion, Maintenant je passe le dimanche avec toi, C’est à cause de tes
larmes, Qu'est-ce que ça fait d'être adoré ? ». De toute évidence, Beyonce
a le sentiment que cette personne utilise son amour contre elle et profite de
son dévouement. Évidemment, on peut se poser la question : est-ce que
cette chanson est inspirée de sa vie personnelle (en parlant peut être de Jay Z
ou de son père) ou pas.
Spaghetti : Dans Spaghetti (qui est une chanson que je n’apprécie
pas beaucoup car elle ne correspond pas à mes gouts musicaux), Beyonce lance un
défi en crachant des rimes. On sent qu’elle est là pour dominer, dans une confrontation
très hip-hop. Le titre de la chanson Spaghettii est un clin d'œil à ces
westerns spaghetti classiques tournés en Italie mais se déroulant dans le Far
West américain.
II Most Wanted (feat Miley Cyrus) : Je suis tellement
contente que Cowboy Carter inclut ce duo, qui réunit Beyonce et Miley
Cyrus pour un road trip romantique. Miley Cyrus a une vraie crédibilité dans la
musique country, notamment par ses origines, puisqu’elle est la fille de Billy Ray Cyrus (chanteur de country)
et que sa marraine n’est qu’autre que la fameuse Dolly Parton ! Je trouve
que c’est un très bon choix de duo car la voix de Beyonce et de Miley Cyrus se
marient très bien ensemble ! II Most Wanted est une lettre d’amour
chantée avec des bottes de cowboy fermement plantées sur la pédale
d’accélérateur. Les deux chanteuses échangent des couplets qui dressent le
portrait d'un jeune amour qui consiste à vivre l'instant présent : « Nous
savons que nous précipitons les choses, mais nous sommes encore jeunes, Un
jour, nous ne le serons plus Je ne savais pas ce que je voulais jusqu'à ce que
je voie ton visage, J'ai dit au revoir à mon ancien moi ». Il y a aussi une
touche de nostalgie, une conscience douce-amère que le temps continue de passer
et que rien ne peut le ralentir. II Most Wanted exprime un désir
profond d'échapper à l'ordinaire, d'attraper son amoureux et de continuer à
conduire : « Je serai ta passagère jusqu'au jour de ma mort, Fumée par la
fenêtre en descendant la 405, Oui, je serai ton bébé à l'arrière, te rendant
fou, Quand tu veux, Woah, je serai ta passagère jusqu'au jour où, Jusqu'au jour
de ma mort ».
Leviis Jeans (feat Post Malone) : Dans la très belle ballade Leviis
Jeans, Beyonce et Post Malone échangent des paroles très suggestives : « Tu
m'appelles jolie petite chose, Et j'adore l’exciter, Garçon, je te laisserai
être mon jean Levi’s, Pour que tu puisses serrer ce derrière toute la journée,
Viens ici, toi petite chose sexy, Prends une photo, vas-y, Oh, tu aimerais être
mon jean Levi’s, La façon dont ça ressort de ton téléphone, Je t'aime jusqu'à
l'os ». Beyonce chante des mots doux à Post Malone, qui à son tour lui
renvoie des compliments : « Ooh, je t'aime, bébé, ouais, tu me rends fou,
J'ai besoin de toi toute la nuit, tu es ma Renaissance, Bébé, t'aimer, c'est
tout ce que je vois, Dans ce monde fou, tu es la meilleure des choses » (à
noter la référence à l’album précédent de Beyonce, Renaissance, qui fait
partie avec Cowboy Carter d’une trilogie du projet musical de Beyonce).
La chanson entière (qui est un jeu de séduction entre la chanteuse et Post
Malone) est un hommage sans vergogne aux jeans Levi's, ces incontournables du
denim qui accompagnent les cowboys depuis des générations.
Ya Ya : Ya Ya est le genre de chanson très entrainante qui
nous donne envie de danser, alors que paradoxalement, les paroles (dont la
traduction en français sonne beaucoup moins bien qu’en anglais) déplorent les
dures réalités de la vie aux États-Unis : « Ma famille a vécu et est morte
en Amérique, hm, Bon vieil USA, merde (Bon vieil USA, Beaucoup de rouge dans ce
blanc et bleu, hein, L'histoire ne peut pas être effacée, oh-oh, Tu cherches
une nouvelle Amérique ? (Amérique), Tu es fatigué, tu travailles une fois et
demie pour la moitié du salaire ? Ya-ya (La moitié du salaire, oh-oh), Je prie
juste pour qu'on ne s'écrase pas, Je garde ma Bible sur le tableau de bord, on
doit garder la foi, Un incendie a brûlé sa maison, L'assurance ne va pas payer
Fannie Mae, merde, Alors tiens cet étui de révolver, verse plus de liqueur s'il
te plaît, L'homme qui travaille dur n'a pas d'argent à la banque Huh, le ya-ya,
Monte le volume du vinyle et de la radio (Radio), Il ne peut pas regarder les
nouvelles à la TV aujourd'hui (aujourd'hui), Oh, je prie juste pour qu'il ne
s'écrase pas, Il garde son pistolet sur le tableau de bord, il doit garder la
foi ». Beyonce incarne ce personnage de Cowboy Carter, prêchant la
persévérance face aux temps difficiles que traverse l'Amérique. Dans Ya
Ya, Beyonce évoque aussi la ségrégation raciale aux USA : « Nous
voulons vous accueillir dans le Beyoncé "Cowboy Carter : Acte II",
ah, Et un circuit de rodéo chitlin, On va faire ce qu'il faut faire, ya-ya,
Mettez vos mains ensemble ». Le Chitlin' Circuit était un réseau de salles
de spectacle dans l'est, le sud et le Midwest des États-Unis. Ces salles
s'adressaient au public afro-américain à l'époque de la ségrégation (jusqu’aux
années 60) et ont joué un rôle essentiel dans le développement de genres
musicaux populaires comme le blues, le jazz, le R&B... Des artistes
légendaires comme B.B. King, Aretha Franklin, James Brown, Ray Charles et Tina
Turner ont perfectionné leurs compétences et sont devenus célèbres sur ce
circuit, qui valorisait la culture des afro-américains,
au tournant du mouvement des droits civiques. D’ailleurs,
deux jours avant la sortie de Cowboy Carter, Beyonce a publié sur
Instagram un graphique de la tracklist de l'album inspiré des affiches vintage
de l'ère Chitlin 'Circuit. Cette chanson célèbre les artistes qui ont visité le
circuit de Chitlin.
Quand Beyonce chante « Beaucoup de rouge dans ce blanc et bleu, hein,
L'histoire ne peut pas être effacée, oh-oh », elle décrit le sang versé
tout au long de l'histoire américaine, de l'esclavage aux guerres en passant
par la lutte continue pour l'égalité. Le drapeau américain symbolise peut-être
la liberté et la justice, mais Beyonce nous rappelle que la liberté n'a pas
toujours été gratuite.
En bref, Cowboy Carter est un projet musical ambitieux, avec des
sonorités country mais pas seulement (en tout cas qui me parle beaucoup plus
musicalement que Renaissance). Je déplore un peu son côté trop sérieux,
car je pense qu’il manque quelques vrais tubes un peu plus légers et commerciaux
aux sonorités country qui pourraient représenter cet album. Autant il y a des
chansons que j’apprécie vraiment beaucoup que j’ai ajoutées dans ma playlist,
autant je ne réécouterai pas l’album en entier car je n’apprécie pas toutes les
chansons (sans parler des interludes qui ne me font pas trop d’effet). J’ai l’impression
qu’on ne parle déjà plus du tout de cet album (qui reste assez récent) depuis
la sortie des nouveaux albums de Taylor Swift, de Dua Lipa et de Billie Eilish,
et je trouve dommage que Beyonce ne défende pas plus cet album en étant plus
présente auprès de son public (au moins en faisant quelques clips illustrant Cowboy
Carter). Certes, Beyonce est un monument musical en soi, et elle n’a plus
besoin de publicité, mais il n’empêche qu’on ne parle déjà plus de cet album
alors qu’il est sorti il y a moins de trois mois. Or Cowboy Carter
mériterait tout de même plus d’attention !
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